L'illa de Maians
La isla de Maians · L'île de Maians · Die Aktentasche
Huset met reservoarpennan · Oстров Mаянс
 

Premi de la Crítica Serra d'Or 1986

"La isla de Maians es un excelente libro de relatos, donde el estilo del escritor ha encontrado definitivamente su ritmo, su precisión y su medida. No es una literatura inocente, y desde luego nada ingenua. Bajo su apariencia desenfadada o desenvuelta, es una voz calculada, sabia, culta y perfectamente divertida, y además en plena ascensión expresiva."

Rafael Conte, El Urogallo, Madrid

Monzó zoom

Quim Monzó s'empare souvent des conversations et pensées en cours de route, à la manière d'une caméra qui foncerait sur les acteurs en ignorant les plans d'ensemble. "Tu ne m'écoutes pas, dit-elle tout à coup." Et c'est le début d'un éboulement intime. Inutile de présenter les personnages, ils sont comme nous, petits, mesquins, jaloux, revanchards. mimétiques, incapables d'attribuer à autrui un fonctionnement mental qui lui soit propre, adorant observer leur clône, et pourvus d'une apparence affable et d'un sens logique imparable. Toutes les mésaventures narrées dans les quatorzes nouvelles de L'île de Maians nous sont arrivées un jour ou pourraient nous perturber prochainement. Elles sont suffisamment honteuses ou peu spectaculaires pour avoir été tenues jusqu'alors dans l'ineffable, mais elles transpercent le quotidien d'éclats de magie. Elles font appel à notre intuition, notre perspicacité, à la manière de cet employé qui découvre avec frayeur qu'il est capable de lire dans la pensée d'autrui. A chaque fois qu'un individu ouvre la bouche, il anticipe ce qu'il va dire, ce qui lui permet d'être d'une efficacité remarquée au sein de l'entreprise. II y a des exploits quelconques, comme de deviner, lorsqu'on est à proximité d'une machine à café, qu'on va être taxé de monnaie, et des perfomances indiscutables comme de prévoir un détournement de fonds. Sa clairvoyance le mène rapidement dans le bureau du directeur. "II se frottait les mains mentalement et pensait qu'il n'aurait aucun mal à se se débarrasser de l'imbécile qui était debvant lui et qu'au bout de quelques mois, un an tout au plus, il serait assis à sa place, de l'autre côté du bureau. 'N'en soyez pas si sûr, lui dit U. Ce sera plus difficile que vous ne le croyez.'"
Mais parfois, sans prévenir et sans le vouloir, autrui s'accapare d'une propriété calamiteuse. Un homme souffre de cacostomie, pathologie qui consiste à être affublé d'une haleine si insupportable qu'elle contraint ceux qui en sont atteints à la réclusion. Il travaille à domicile, dans un village qui pourrait disparaître de la surface terrestre sans inquiéter personne. Il coud des yeux de verre sur des poupées qu'un camionneur vient chercher chaque semaine au pas de sa porte blindée. Le blindage est efficace contre la mauvaise haleine. L'homme pousse du pied quelques moutons de poussières en décidant de se mettre au ménage, et de retour chez lui, le camionneur embrasse sa femme. Un désastre. Divorce, licenciement. Lorsque le couturier d'oeil de poupées voit arriver de sa fenêtre un nouveau conducteur, il ignore que "depuis exactement une semaine, il a cessé d'avoir mauvaise haleine".
Toutes les nouvelles sont brèves, elliptiques, avec des chutes abruptes qui s'imposent comme des sollutions de problèmes qu'on n'aurait jamais réussi à résoudre seul. Toutes les nouvelles déclinent les différentes façons d'annihiler ou de vampiriser les autres, sans omettre les étapes intermédiaires, quand on se contente de s'espionner mutuellement avec un télescope, et de faire monter les enchères. Le narrateur n'intervient jamais à la première personne. Il décrit des actes et des attitudes qu'il ne commente pas, mais dont il pousse à bout la logique. Les faits sont agencés de manière à rendre tout jugement ou explication inutiles, le quotidien est suffisamment plein d'embûches pour que, si on le décrit précisément, des événements énigmatiques surviennent. Un homme rentre chez lui, après le travail, avec sa Fiat Uno bleu métallisé. Il lit ie journal, entame une conversation, et Quim Monzó se centre sur les gestes usuels de la conjugalité quand, soudain, l'homme n'est plus sûr de reconnaître la femme qui est à côté de lui. Sa maison même n'est peut-être pas la sienne puisqu'il ignore où se trouvent les toilettes. Il appréhende le moment où il lui faudra nommer la femme, il imagine que ça aura lieu le soir, lorsqu'il se coucheront, et "cette pensée lui procure, de façon immédiate, une érection".
Dans une autre nouvelle, à l'inverse, c'est la confusion entre soi et l'autre qui provoque le dérèglement. Banalement, un vieil homme espionne sa femme de menage. Il la soupçonne de boire jour après jour une gorgée d'Anís del Mono. Il fait des marques sur la bouteille, observe la baisse du niveau, échoue à la prendre sur le fait, ne dort plus, et après un rêve où il ést mis en bière, il finit par établiir un lien certain entre le niveau de liquide dans la bouteille et le temps qu'il lui reste à vivre. Il décide d'employer les grands moyens et d'empoisonner la boisson. "Il alla se coucher avec un sourire assez peu différent de celui qu'il avait sur les lèvres, le lendemain matin, quand Mathilde le trouva mort."
Quim Monzó donne le sentiment qu'une grandle partie de son travail consiste à gommer, à effacer les mots qui pourraient être superflus, jusqu'a ce que le blanc du texte soit insupportable. Est-ce parce que I'écrivain, né a Barcelone en 1952, auteur de deux romans, plusieurs recueils de nouvelles, et animateur d'émissions de radio et de télévision, fut d'abord graphiste et travaille pour le cinéma? Son style sans effets ne provoque jamais une impression de sécheresse ou de pauvreté, mais de vitesse.
Anne Diatkine, LIBÉRATION, Paris

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L'illa de Maians

Encara que sigui difícil d'explicar-ne les raons, el conte sempre ha estat considerat com una mena de perla dintre els gèneres literaris. La necessitat d'un ritme sostingut al llarg d'un nombre forçosament reduït de pàgines, i l'obligació de descriure situacions i personatges amb pinzellades que, per força, han de ser limitades, obliga molt. I si, a això, hi afegiu la voluntat d'un esquema amb nus i desenllac, la filigrana del gènere esdevé, encara, més complexa, sobretot quan la comparem amb les possibilitats de la parenta gran, la novel·la, que, aparentment (i, ai! si se'n podria parlar, de les necessitats i de les fronteres novel·lístiques), es pot permetre molt més grans llibertats de tota mena.
En aquest sentit, als països de parla anglesa, el conte ha estat i és considerat una pedra de toc i una prova de foc. Són pocs els novel·listes que no hi han fet l'aprenentatge, i gairebé es considera obligat el salt del conte breu a la narració curta i, d'aquesta, a la novel·la més extensa. A la literatura catalana, però, salvant les excepcions que calgui (Rodoreda, Calders, Espriu...), el conte sempre ha estat una mena de parent pobre, i són pocs els escriptors joves que es presten a fer-ne el dur aprenentatge.
Quim Monzó (Barcelona, 1952) és una d'aquestes brillants excepcions. Iniciat en el terreny literari com a novel·lista, no ha abandonat mai la narració breu, sovint curtíssima, d'acció ràpida i irònica i arguments immersos en el món universal de la cultura urbana contemporània —Uf, va dir ell i Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury—, i, a despit de la seva segona novel·la —Benzina, una habil narració, que fou discutida i rebuda amb "divisió d'opinions"—, continua experimentant amb les seves habituals situacions, les seves estructures i els seus estils en aquest nou recull de L'illa de Maians (Quaderns Crema, 1985).
D'aquests contes, en destacaria, en especial, un tret no gaire habitual: Monzó ha après a jugar amb el lector. Sap dur el relat al terreny que l'interessa, submergir-nos-hi, fer-nos l'ullet de la complicitat, i, una vegada ens hi té ben engalipats, capgirar la situació obrint la seva intelligentíssima caixa de sorpreses. "Casa amb jardí", "Febre", "No tinc res per posar-me", "Halitosi" o "No n'estigui tan segur", són petites peces mestres del gènere i em penso que el capgirament de la lògica estricta, que sembla gairebé un homenatge a autors com Buzzatti o Calders, esta tan empeltat del món monzonià que ens obliga a seguir-lo amb la mateixa fidelitat amb què, als anteriors reculls, ens duia el món del verisme quotidià actual.
La llibertat de solucions que ha guanyat, així, la seva escriptura pot enriquir amb tocs inesperats la seva obra novel·lística. Podem conformar-nos, pero, llegint-ne els contes: en aquest difícil genere, Monzó ja ha aconseguit d'excel·lir-hi com cap altre professional de les darreres generacions.
Francesc Parcerisas, EL TEMPS, València

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Quim Monzó: la descripció de la perplexitat

És probable que hagi arribat el moment de deixar-se estar de parlar de la narrativa de Quim Monzó en termes de futur o d'esperança i que calgui començar a fruir-la com una realitat. Després de Benzina, una novel·la que, en certa manera, es presentava com un compendi de les temàtiques que omplen el seu món personal, Monzó retorna als orígens, a un dels gèneres en que sembla trobar-se més a gust, malgrat que sovint sigui considerat com un gènere menor o marginal: la narrativa curta, el conte.
No sorprèn, doncs, que el crític vegi amb bons ulls l'aparició de L'illa de Maians, un llibre amè, ben construït, intel·ligent, sobri, i tot un munt d'adjectius més, que convertirien el breu espai d'aquestes ratlles en una mena de glossari inútil. Però com que el crític el paguen —quan el paguenperquè ofereixi alguna cosa més que un simple recitat d'elogis o de retrets sense solta ni volta, potser cal que escorcolli el text a la recerca d'aquelles particularitats que fan que es puguin dir coses tan ufanoses com les que deia més amunt, a la recerca dels mecanismes amb què Monzó elabora els seus contes.
D'entrada, i aquesta és una de les raons per les quals els llibres de Monzó arriben a un públic tan divers, la frescor de la seva narrativa recolza en una premissa aparentment senzilla: la simplicitat, la naturalitat del llenguatge. Naturalitat que, en aquest context, vol dir facilitat per a la descripció, adequació del lèxic, concisió de l'acció, planificació quasi cinematogràfica del desenvolupament de la seqüència narrada, fórmules al capdavall que demostren un saber fer i una utilització escaient dels recursos de què ens nodreix la modernitat, aquella modernitat que tan sovint es fa servir en referir-se a l'autor de Benzina.
La temporalitat mateixa de gairebé tots els relats que formen L'illa de Maians se sustenta, també, en aquests aspectes. Aquí diria que Monzó ha après, i ha aplicat, la lliçó de dos mestres tan allunyats en la seva literatura i tan propers en la seva excel·lència com Jorge Luis Borges i Josep Pla. Del primer, pel que fa a l'economia del llenguatge, a la innecessarietat de carregar la descripció de les coses amb elements estranys a la seva essència. En el cas de Pla, la referència tindria a veure amb un plantejament semblant al que esmentàvem en relació amb l'escriptor argentí: el rebuig de la paraula superflua, la fugida d'un barroquisme no demanat per la narració. Però, a més, el cas de Pla és paradigmàtic d'una utilització de la llengua planera i directa que, guardant les distàncies, no està massa allunyada de l'estil de Monzó. Si recordem les observacions del mestre de Palafrugell, sobretot les més sàvies recollides als Darrers escrits, on reivindica una literatura "sense cap forma de demagògia literària", veurem que l'estil de Monzó va per aquí. Sense excessos retòrics que el dotin d'un pòsit culturalista o afectat, sense falses impostacions que el facin esdevenir llibresc o carrincló, i amb els sentits posats en l'esperit dels temps que vivim, del llenguatge del carrer, però sense caure mai en l'anècdota o en el populisme.
Ultra l'estilístic, l'altre aspecte que em sembla destacable seria l'estrictament temàtic. Abunden, a L'illa de Maians, les referències al gènere fantàstic. Quim Monzó fa una opció ben clara en aquest sentit: el costat fantàstic de la realitat, una etiqueta sota la qual hem situat sovint escriptors com ltalo Calvino o el nostre Pere Calders, escrutadors dels costats anomals de la quotidianitat, perspicaços observadors de la ficció de les coses que ens envolten. I Quim Monzó aprofundeix en aquesta direcció. Al meu parer, els seus contes més brillants són aquella mena d'acudits amb estrambots, aquelles sorpreses més o menys anunciades que ens fan somriure. Una literatura facil? Potser sí, però funcional i rotunda en els seus plantejaments. I Monzó és un escriptor que sap el terreny en que es mou i que té la suficient ironia per enfotre-se'n displicentment. Un conte com "El segrest" es pot entendre com una peripècia personal de la petita i mesquina vida literària de casa nostra, pero preferim la crueltat irònica de "Literatura rural", la cita hitchcockiana de "La qualitat i la quantitat" o el flirteig amb l'absurd de dues de les peces més ben construïdes del Ilibre, "Casa amb jardí" i "Halitosi".
Monzó obria el seu llibre anterior de contes, Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury, amb una citació del llibre de Freud, L'acudit i la seva relació amb l'inconscient. Ho feia amb un acudit de jueus, que d'alguna manera poetitzava un cert sentit de l'humor agre que determinada literatura nord-americana ha sabut cultivar. Ara, amb L'illa de Maians, Monzó domina ja tots els estris d'aquella corrosivitat que destil·len els mestres del gènere curt, i el seu sentit de l'escriptura és cada vegada més penetrant i madur.
Antoni Munné, EL MÓN, Barcelona

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L'arrière-fond des choses

Le romancier catalan Quim Monzó est un drôle de garçon. Dans une émission de télé catalane à laquelle il participe régulièrement et qui est fort suivie, il commente avec d'autres toutes sortes de sujets d'actualité, mais il ne peut s'empêcher de voir aussitôt le coté risible d'unne situation ou d'un personnage, aussi important soit-il. Invité dernièrement aux studios de Madrid, il fut considéré comme persona non grata et l'émission fut supprimée, d'où le scandale dans le Landerneau des médias.
Ce fauteur de troubles a une bonne tête de prolo, l'air d'un brave conducteur de poids lourds, mais il ne faut pas trop s'y fier : dans cette tête bien pleine et bien faite on trouve une imagination delirante que seul l'humour parvient a tenir en laisse.
Dans les quatorze nouvelles qui composent le recueil L'Ile de Maians, le lecteur se rend compte que l'auteur dit plus de choses qu'il n'en a l'air. Ainsi la Maians du titre, jadis une petite île en face de Barcelone et qui a été incorporée à la ville au cours des siècles et dont plus personne n'a gardé la mémoire, nous suggère un espace non disparu, mais absorbé, "transmué". Et pourquoi le volume est-il divisé en trois parties aux titres bizarres ? Pourquoi appelle-t-il "Barcelone" la première nouvelle où une femme reproche à un homme son égoisme ? Barcelone serait-elle peuplée de gens qui ne s'intéressent qu'a eux-mêmes ? Le lecteur curieux cherche à comprendre ce qui a déterminé le choix de l'auteur, sans ses divisions et ces titres, mais il abandonne bien vite ces interrogations, pris par le plaisir de la lecture, pour se retrouver piégé a la fin de certaines nouvelles.
Où est le rêve, où est la réalité ? Cet homme qui rentre chez lui dans "Maison avec jardin", joue avec son chíen qui lui fait fête, embrasse sa femme qui lui demande pourquoi il rentre si tard, et s'aperçoit soudain que cette maison n'est pas la sienne, que cette femme est une inconnue. A-t-il un sosie ? Est-ce un dédoublement de la personnalité ? A chacun de nous d'y apporter une réponse. Et ce vieux monsieur de "Anís del Mono", boit-il l'anisette à son insu, alors qu'il soupçonne sa domestique de le faire et qu'il marque d'un trait le niveau du liquide chaque fois qu'il en prend une gorgée, et inexorablement il en manque quand il en reprend ? L'anis peut-il s'évaporer spontanément ? Dans la nouvelle "Température", un enfant qui a de la fièvre croit qu'il est dans son lit alors que ses camarades sont partis en excursion, la même excursion de l'année précédente, qu'il se remémore dans tous ses détails, mais certains ne collent pas à son souvenir, par exemple il ne se voit pas assis à la même place. Où est-il, dans son lit ou dans l'autocar ? La fin de la nouvelle, comme celle de la précédente, nous éclaire : parfois l'imaginaire peut avoir plus de force que le réel. Et pourquoi des êtres supposés raisonnables peuvent-ils se livrer, à la suite d'une circonstance fortuite, à des obsessions démentes comme le personnage de "La qualité et la quantité » devenu un voyeur et un érotomane par simple curiosité ? La fin de cette nouvelle est d'ailleurs surprenante et très drole.
Car une des qualités de ces récits est la façon dont ils se terminent, sans parler de l'humour constant, un humour impassible pourrait-on dire, qui est caractéristique du style de Quim Monzó. Ces nouvelles nous font songer à la question que se pose le vieux sage après avoir rêvé qu'il était un papillon : suis-je un homme rêvant qu'il est un papillon ou suis-je un papillon rêvant qu'il est un homme ? ou a celles qu'on s'est toujours posées : qu'y a-t-il derrière les apparences ? c'est nous qui agissons ou sommes-nous agis ? Ces graves questions, implicitement posées par ces nouvelles, Monzó les traite légèrement, avec le sourire, et il se borne à constater non à donner des explications ou des réponses. La traduction d'Edmond Raillard, élégante et fidèle, nous permet de deguster pleinement ces quatorze nouvelles, quatorze morceaux de choix.
Mathilde Bensoussan, LA QUINZAINE LITTÉRAIRE, Paris

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L'illa de Maians: mecànica i poètica de les situacions

La publicació de L'illa de Maians permet de plantejar una visió unitària de la narrativa breu de Quim Monzó que no era possible de formular només amb la lectura dels seus dos primers reculls. Uf, va dir ell esdevenia el testimoni d'un període d'aprenentatge, vacil·lació estilística i temàtica que s'hauria d'esvair en els relats de Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury. Els acudits de caràcter més puntual desapareixien en aquest cegon volum i l'autor s'abocava a la creació d'un univers temàtic que adquireix ara la seva forma definitiva amb l'arrodoniment d'una sèrie de situacions característiques. Es podria afirmar que la narrativa de Quim Monzó s'estructura internament a la manera del repertori d'un humorista. Es presenten de bon principi uns personatges i uns indrets que en cada cas tenen unes peculiaritats que els singularitzen, però que remeten a un arquetip: les persones que s'esperen a la vora d'un quiosc o a la terrassa d'un bar, les relacions durant un viatge en ferrocarril condemnades a la fugacitat, el voyeurisme a través de la finestra, l'individu ques es troba sol al seu pis i és víctima d'un trasbals profund, el desballestament de les relacions d'una parella, el monòleg d'una dona davant l'home que no se l'escolta... A partir d'aquest nus argumental Monzó resol cadascuna de les històries amb una solució paradoxal, que contradiu totes les expectatives i els pronòstics del lector.
Analitzem detingudament un d'aquests motius, el de les esperes. Apareix per primer cop a Uf,va dir ell en el relat "Sobre la no compareixença a les cites", on el motiu serveix per a evidenciar les obsessions del protagonista. A "Quatre quarts", inclòs al segon recull, la fórmula es depura. En primer lloc, trobem una reflexió sobre el tema de la puntualitat on es desenvolupen els mecanismes de la paròdia. S'inicia una reflexió rigorosa sobre un tema que, en principi, no té gaire transcendència, i immediatament es fa el salt de la tesi als exponents particulars que demostren, per mitjà de la deformació, allò que se sostenia a l'inici. La tardança trenca l'ordre mil·limètric de les coses i provoca un daltabaix que s'estén de forma desmesurada. En certa manera és el mateix que pretén el protagonista de "Cacofonia" quan medita la possibilitat de prendre el carrer Balmes en direcció contrària i produir un caos concèntric que s'eixampli de carrer en carrer, de barri en barri, de ciutat en ciutat, obrint-se d'un continent a l'altre, al mar...
Quan a "Filologia" (ja situant-nos a L'illa de Maians) descobrim els mateixos ingredients que en aquestes dues històries, adoptem la mateixa disposició que en aquells relats. La paradoxa de les altres històries reverteix, d'alguna manera, sobre aquest exemple concret, de forma semblant a com succeeix amb els acudits seriats. Monzó es veu obligat a introduir un suport a l'estructura bàsica coneguda pel lector, que en aquest cas ve donat pel tema de la seducció del professor vers l'alumna, un tema que haurem de retrobar a "La filantropia del mobiliari", d'aquest mateix llibre.
La similitud de L'illa de Maians respecte al gruix de la narrativa anterior de l'autor no es troba, però, exclusivament, en la reinterpretació de les situacions. Hi apareixen també alguns elements d'altra mena, pel que fa al plantejament de casos estranys i abcurds, que ens remetrien al pavelló d'influències de l'escriptor: Peter Handke, Thomas Bernhard, Boris Vian, Groucho Marx, Julio Cortázar i Adolfo Bioy Casares, i encara a la literatura i el cinema pornogràfics que constitueixen sense cap mena de dubte un referent constant de la seva obra. Pensem només en un conte com "Ferrocarril", en el qual la història esdevé una reinterpretació dels tòpics d'aquesta mena de publicacions, de la mateixa manera com s'esdevé a "La filantropia del mobiliari" o, encara, amb el voyeurisme de "La qualitat i la quantitat". També caldria esmentar el recurs estilístic d'utilitzar el registre d'un personatge innocent per a descriure un desenllaç sanguinolent ("Literatura rural", que es podria relacionar amb "Redacció" de Olivetti...), o bé la fixacio en el motiu del crim perfecte, que apareix a "Porc bullit amb salsa de rave", i fins i tot la crisi de personalitat, el tema central de Benzina, que té un exponent reeixit en "Casa amb jardí". A més d'això, i d'alguns altres aspectes que remetrien als llibres anteriors, cal parlar d'un text, "El segrest", en el qual la impossibilitat de crear d'un artista d'èxit (de nou cal citar la segona novel·la de Monzó) es presenta des d'una perspectiva que el lector identifica com a pseudobiogràfica, una mica a la manera de Stardust Memories, de Woody Allen.
Julià Guillamon & Quim Valls, AVUI, Barcelona

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La stratégie du scorpion

Dès ses premières nouvelles parues en français, il y a une dizaine d'années, sous le titre Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maury, le Catalan Quim Monzó entrait en littérature dans un formidable éclat de rire. L'homme était très jeune, brillant, provocateur et doué d'une verve revigorante. Tous les lecteurs espagnols se réjouissaient de ce grand coup d'air frais. Avec le nouveau Monzó, celui des récits qui composent L'Ile de Maians, l'humour ne s'attaque plus seulement à la surface des choses. Monzó passe derrière le décor, il pénètre encore plus profondément à l'intérieur de ses personnages : dans cette zone incertaine des êtres où tout est encore possible, où rien n'est encore décidé de leur comportement. L'écrivain, qui se livraít autrefois à une simple auscultation, pratique maintenant l'autopsie — et sur des vivants encore. Chaque nouvelle est batie autour d'une situation banale : c'est un critique littéraire partant rencontrer une étudiante en thèse qui voudrait le questíonner sur un ecrivain mort dont il est spécialiste ("Philologie"). Ce sont trois gamins, attelés ensemble a un jeu lucratif et un rien dangereux : chercher au fond d'un puits du village les pièces de monnaie que des touristes naïfs ont jetées là en faisant un voeu ("Littérature rurale"). C'est un employé de commerce qui se rend à la convocation de son chef de service ("N'en soyez pas si sûr"). C'est un jeune homme qui observe sa voisine d'en face, dont la fenêtre n'a pas de rideaux ("La qualité et la quantité")...
Alors, sans qu'on y prenne vraiment garde, quelque chose change dans le paysage. Chacune des situations dérape. Chacun des personnages sort légèrement du schéma que lui-même attendait. L'étudiante est en retard et le critique littéraire s'impatiente. Les trois gamins se révèlent moins solidaires et unis qu'on ne croyait. Le jeune homme à sa fenêtre passe du regard occasionnel au voyeurisme organisé. Ces glissements lègers contraignent chacun à modifier sa conduite : désormais, il lui faut spéculer, décider, et non plus suivre un cadre tracé à l'avance. Le critique réfléchit : il est tenté maintenant de séduire l'étudiante. Ou alors, si elle est laide, de se cacher. Les gamins se mettent a nouer d'étranges alliances, afin de se gruger les uns les autres. Le jeune voyeur entre en grand dans le jeu du peep-show à portée de lorgnette...
On le voit, ces accidents qui fendillent le vernis social provoquent des réactions d'où toute morale est absente. Mis en demeure de s'adapter à l'imprévu, les êtres que décrit Quim Monzó reagissent en scorpions. Ils piquent d'abord et réfléchissent après. L'ironie est qu'en voulant tromper les autres (pour sauver leur peau à eux), ils se trompent eux-mêmes. Ainsi, le critique littéraire, par orgueil, rate l'occasion d'une rencontre avec une fille jolie et intelligente. Ainsi, aucun des trois enfants ne sortira intact des jeux pervers où chacun croyait triompher. Ainsi, le jeune voyeur, à trop jouer, perdra celle qui mettait un peu de rose dans le gris de sa vie. Dans tous les cas, les personnages seront les dindons d'une farce qu'ils mijotaient pour d'autres.
Redoutable regard de Quim Monzó, qui s'amuse et nous amuse non plus tant en humoriste qu'en moraliste. Certes, on rit encore beaucoup à ses récits nerveux, sans graísse. Mais ces tragédies de poche sont tendues au-dessus du vide comme des fils d'équilibristes. Chez Monzó, l'art de la nouvelle est, dans les deux sens du mot, l'art de la chute. Et comme dans les films de Charlot ou de Laurel et Hardy, l'acte de tomber, au-delà de l'hilarité, suscite un malaise, une inquiétude. Derrière le pilotage automatique auquel nous abandonnons nos vies rôdent, selon Monzó, des fantômes cruels. Le mystérieux titre du livre — L'Ile de Maians — prend alors son sens : avant de désigner un quartier de Barcelone, il s'agissait d'une île véritable. Sous les pavés, la jungle... Tel l'enfant du célèbre tableau de son compatriote Salvador Dalí, qui " soulève la peau de la mer ", Quim Monzó arrache la peau des apparences. Et l'on entend son rire à nous voir decouvrir ce qui s'y tient caché : notre sauvagerie.
Michèle Gazier, TÉLÉRAMA, Paris